Les prémisses de l’été avec Yuksek au Champs-Elysées Film Festival

Dès demain et jusqu’au 16 juin, le Champs-Élysées Film Festival is coming back pour célébrer sa 9ème édition via champselyseesfilmfestival.com !

Avec la volonté affirmée de ne pas priver les festivaliers du meilleur du cinéma indépendant et de la scène musicale française, et malgré la période de trouble, cette édition se déroulera en ligne et gratuitement. Cette année, des showcases en ligne sont attendus, avec un programme bouillonnant : Barbara Carlotti, Clara Ysé, P.r2b, TheColorGrey, Lucie Antunes, le DJ Set live de Barbara Butch et les playlists de Rebeka Warrior et de Yuksek.

A l’heure de la réouverture progressive des terrasses des cafés et restaurants, Yuksek nous invite à explorer une playlist qui sent bon le soleil, le sable fin et les rythmes tropicaux. Si vous n’avez pas encore ondulé sur les fréquences hypnotiques de Nosso Ritmo, il n’est pas trop tard pour sortir de votre torpeur… Paru en février dernier, on retrouve dans cet album des collaborations avec Juveniles, Zombie Zombie, Isaac Delusion, Breakbot et Irfane, Confidence Man, la chanteuse anglaise Queen Rose, et Fatnotronic. Pour l’heure, nous avons eu le privilège d’avoir une conversation avec le DJ et producteur français Yuksek.

Bonjour Pierre, comment vas-tu ? Peux-tu nous dire comment tu as vécu cette période particulière ?

Je dirais que je l’ai vécu comme assez frustrante. Plus de quarante dates annulées entre début mars et fin août, ce qui ne m’a pas permis de présenter l’album en tournée. Mais dans le même temps, j’ai une émission sur Nova depuis le début du confinement, qui continue encore. C’est chouette ! 

As-tu de nouveaux projets qui arrivent ? 

Oui, quelques-uns, notamment des musiques de films en préparation. Une série sur Arte pour Eric Toledano et Olivier Nakache, et l’adaptation en film de la bande dessinée Zaï Zaï Zaï. Ça devrait sortir en début d’année prochaine.

C’est un autre exercice que de se mettre au service de quelqu’un, d’un propos. Quel est ton processus créatif et ton rapport de la musique à l’image pour ce genre de projet autour des films ? 

J’ai un agent dans le cinéma qui me transmet les projets, et après ça se fait beaucoup au feeling. Pour les deux créations en cours dont je te parlais, ça se passe assez différemment. La série, c’est 36 épisodes donc forcément je peux pas bosser à l’image pour la totalité, mais j’ai proposé différentes versions du générique, une sorte de bibliothèque de nappes, de thèmes, etc. Au fur et à mesure du montage, je retouche suivant le rendu final que l’on m’envoie. C’est beaucoup d’allers et retours !

Pour Zaï Zaï Zaï, je reçois le film en cours de montage, et je fais une proposition de bande-son. Ça se rapproche beaucoup plus de la composition à l’image.

Tu as une préférence entre ces deux types de projets ?

Les deux sont cool. Après, quand on bosse à l’image on est plus investi dans le propos et c’est parfois plus amusant. Pour la série, c’est aussi sympa de créer une sorte d’univers, un peu comme j’avais fait pour Le Petit Grégory. Pour ce projet, ils montaient les cinq épisodes en même temps, et ils voulaient beaucoup de musiques donc ça m’obligeait à travailler par “thème”. Tout est intéressant, surtout dans la mesure où c’est assez nouveau pour moi. 

Durant le confinement, tu as proposé aux personnes qui te suivent de se filmer en plein défoulement sur le titre The Only Reason pour en faire une clip collaboratif. Est-ce que tu as trouvé que tu avais de beaux fans confinés ? 

Ouais à fond ! J’ai réalisé mes trois derniers clips parce que je me suis lancé un petit peu dans l’animation. La période m’a pas mal inspiré aussi. Je voyais beaucoup de nouveaux formats émerger. Des artistes qui se filmaient en train de jouer de la guitare, ou chanter. Un mode assez “passif” de consommation, qui est déjà très bien et que je fais aussi ! Mais je voulais proposer un truc auquel les gens pouvaient participer. J’ai lancé ça sans trop réfléchir. Je suis arrivé à une centaine de vidéos reçues, que je souhaitais toutes utiliser, d’une manière ou d’une autre.

Pas trop compliqué le montage ? 

Et bien pas tant que ça finalement ! Car j’ai des techniques de détourage qui m’ont sauvé la mise. C’était un peu galère à certains moments, mais comme je suis assez geek, j’aime bien les galères techniques, ça ne me dérange pas !

Qu’est ce qui a changé chez Yuksek pour aller de Away From the Sea à Nosso Ritmo ?

Un peu tout. Mes quatre albums sont relativement éloignés en terme de style. C’est vraiment lié à la musique qui m’amuse au moment de la composition. En point commun entre ces deux albums, c’est la liberté que je me suis donné. Pour le premier album, personne ne me connaissait, je n’avais absolument aucune pression, j’avais juste envie de me faire plaisir en faisant de la musique. Depuis trois ans, j’ai fini mon contrat avec Universal, et je me suis senti à nouveau très libre dans la création de Nosso Ritmo.

Beaucoup d’artistes sortent de nouveaux projets, sans réellement prendre le temps, par pression des labels ou des fans. C’est quelque chose que tu as observé aussi ?

Si t’es un artiste un peu connu, que tu fais quelque chose qui se rapproche plus ou moins de la pop, et que t’es sur un gros label, il y a toujours la question du passage en radio, qui conduit in fine à la pression. On bascule dans un autre monde avec des enjeux qui ne sont pas les miens. Personnellement, je n’écoute pas vraiment la radio, à part Nova. Je n’ai donc pas réellement d’intérêt de céder à cette pression-là. 

Je crois que tu étais confiné à Reims et tu as pu faire quelques lives en direct de chez toi ?

Oui, en fait mon studio est dans un théâtre qui est resté totalement fermé durant cette période. Je devrais pouvoir y revenir cette semaine. Ce qui est cool, c’est que j’avais ramené assez de matériel chez moi à Reims pour travailler. C’est moins confortable mais on s’y fait !

Cette semaine, tu participes au Champs-Elysée Film Festival. A cette occasion tu vas nous partager une playlist. Y aura-t-il des morceaux qui rappellent un peu l’ambiance de ton dernier album ? 

Oui, ce sera ça principalement. C’est le genre de musique qui m’excite en ce moment. Il y aura des morceaux aux sonorités brésiliennes, des trucs plus afro, de l’électro, des sons assez dansants, des trucs bossa style années 60. Je me suis pas limité à un style en particulier, je vais y mettre des morceaux que j’aime bien.

Un lieu, un pays insolite où tu as joué et qui t’a particulièrement marqué ? 

Là comme ça, je pense au Chili. J’y ai joué il y a deux ou trois ans sur une plage, dans le cadre d’un contest de skate. J’ai pu rencontrer les idoles de mes quinze ans, du genre Tony Hawk, tout en allant jouer mes morceaux. C’était assez improbable mais cool !

Toutes les actus de Yuksek sont à retrouver sur Facebook, Instagram, Youtube.

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