Welcome to Woodstock !

Et surtout bienvenue au Théâtre Comédia pour le spectacle qui pourrait bien s’afficher comme l’événement musical de cette rentrée 2017 !

La grande légende du rock’n’roll renait et garantit aux amateurs un cocktail savoureux, plus de deux heures de sexe, drogue et rock’n’roll ! Une recette indémodable et un succès jamais démenti !

Jean-Marc Ghanassia, l’auteur de cette création, propose ici un spectacle ambitieux qui jusqu’en janvier 2018, entrainera son public sur des routes qui, une fois n’est pas coutume, dédaigneront Rome pour nous conduire à Woodstock. Toujours considéré à ce jour comme l’évènement le plus marquant de l’aventure musicale rock. La référence !

Soyons justes, quand on se décide à rouvrir les portes des placards, pour laisser les mythes prendre leur envol, on prend toujours un risque !

Aussi l’initiative de Jean-Marc Ghanassia est à saluer. Ranimer l’esprit de Woodstock, la veille de son cinquantenaire relève du défi ! Initialement prévu pour offrir trois jours de paix et de musique, du 15 au 18 août 1969, et attirer 50 000 visiteurs, le festival s’étalera sur quatre jours pour accueillir près de 500 000 personnes ! En programmant tout ce que la scène blues, rock et folk proposait de plus excitant. Sans s’attarder à les nommer,  on peut toutefois considérer que les Who, Joe Cocker, Sha Na Na, Joan Baez, Crosby Stills Nash and Young, Santana, Janis Joplin et Jimi Hendrix, l’Airplane, Le Grateful Dead, Canned Heat, ou le Creedence Clearwater Revival vont définitivement contribuer à bâtir et influencer le rock des années 70 et au-delà pour en graver les plus belles pages musicales.

A l’instar des volcans, la plupart de ces groupes sont encore en activité et continuent de se produire sur scène. On mesure donc le challenge que représente le dépoussiérage d’un festival marqué par d’aussi fortes personnalités !

Habilement, le spectacle de Jean-Marc Ghanassia, mis en scène par Laurent Serrano, évite l’écueil d’une commode reconstitution musicale pour emprunter un chemin parallèle, combinant comédie musicale et théâtre en nous conviant à suivre l’itinéraire et les aventures d’une bande de copains, âgés de 20 ans, pas tout à fait revenus de mai 1968 mais prêts à repartir à l’aventure pour découvrir  l’idéal hippie. Peace and Love !

Un voyage initiatique donc, un « road-movie musical et psychédélique » pour respecter les volontés du dossier de presse. Très concrètement un itinéraire musical de deux heures séparées par un entracte revisitant sous la forme de conte musical les titres phares de Woodstock et des années 1965/1970.

Voilà pour le côté cour.

Côté scène à présent.

Le soin apporté aux détails est révélateur de la passion sincère qu’entretient l’auteur pour cette époque. Vous ne serez donc pas surpris d’être, dès votre arrivée, accueillis et escortés par de ravissantes flower « power », symbolisant la non violence, dont les sourires en désarmeront probablement plus d’un ! Woodstock peut donc continuer de faire rêver, ce spectacle le rajeunit en le replaçant sur le devant de la scène !

Soutenus par une formation solide, composée de Yann Destal (chanteur Lead, Guitare, Har monica), Cléo Bigontina (Basse), Benoit Chanez (guitare), Hubert Motteau (Batterie) et Philippe Covadin (Directeur Musical et claviers), les comédiens musiciens interprètes Geoffroy Peverellin, Magali Goblet, Pierre Huntzinger, Morgane Cabot, Margaux Maillet, Jules Grison et Xavier V. Combs s’emparent avec fougue de leur rôle et du répertoire en communiquant leur enthousiasme. Contagion garantie !

C’est lisse, joyeux, énergique, visuel, bien interprété, bien joué et convaincant.

D’où vient donc alors cette sensation qu’il manque un brin de folie ? Que la copie est bien celle d’un élève appliqué qui maîtrise parfaitement son sujet sans prendre de distance ?

Dialogues et saynètes introduisant les reprises musicales gagneraient certainement à être plus consistants, mais l’ambition n’est pas ici de décrocher le prix Molière mais bien de servir les chansons. Ce qui résume bien toute la difficulté de l’exercice, jusqu’où mettre le curseur ? Mise en scène et décors réservent de belles surprises (éclairage d’Astronomy Domine, forêt enneigée, projections sur écran) et participent au succès d’un spectacle dont le coeur repose naturellement sur la très belle sélection des titres proposés. Une trentaine de chansons, deux titres de la comédie musicale Hair; et des perles mythiques comme le Happy Together des Turtle, le San Francisco de Scott Mc Kenzie, ou l’indétronable People Are Strange des Doors.

Le jour de notre visite, le public réservera, une ovation à la très inspirée interprétation de « Kozmic blues » de Janis Joplin par Magali Coblet, au « Happy Together », au « I Need Somebody To Love » de l’Airplane, repris en collectif, au « There But For Fortune » de Joan Baez, interprétée par Morgane Cabot. Mention spéciale aussi pour la pétillante Margaux Maillet et sa spontanéité. Sans oublier l’hommage rendu aux Who, par Geoffroy Peverelli, l’excellente reprise de San Francisco par Jules Grison, et le beau Wild Word de Cat Stevens par Pierre Huntziger. La comète Hendrix (détonnant Xavier V. Combs) viendra percuter le spectacle et comptera parmi les moments les plus attendus du spectacle.

Bien sûr au rang des regrets, puristes et nostalgiques pourront regretter l’absence de distribution de LSD, mais pourront se consoler en réécoutant Bob Dylan, grand absent de Woodstock pour son titre prophétique : The Time They Are a Changing !

Pour conclure, un hymne musical teinté de psyché-délices et un hommage sincère rendu à une époque toujours très présente dans les esprits. A consommer sans modération.

Un courant d’Hair à la française et une excellente occasion de remettre au goût du jour l’infinie sagesse hippie dans ce qu’elle proposait de plus pacifique et séduisant : « Faîtes l’amour, pas la guerre »

Très recommandé !

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Rédacteur Jazz & Blues/Rock