DELGRES : Le blues « Libres de couleur »

Serait-ce pour des raisons logistiques que l’horaire du concert a été modifié de 20h à 18h ? En route pour un concert de blues … en matinée, le dimanche 9 décembre à 18h DELGRES se produit au Plan (91).

DELGRES c’est quoi ? C’est qui ?

Plusieurs approches possibles.

– C’est un groupe qui joue du Blues Créole.

– Le nom est un hommage à Louis DELGRES, colonel et héros de la lutte contre l’esclavage en Guadeloupe, qui se suicide à l’explosif avec ses 300 compagnons en vertu de la devise révolutionnaire « Vivre libre ou mourir ». Impossible de faire de la pop mièvre après ça !

– Le chanteur/guitariste, Pascal Danaë, a collaboré avec Peter Gabriel, Youssou N’Dour, Ayo ou Gilberto Gil.

– Pour ma part c’est un des projets de Baptiste Brondy (batteur) que j’ai découvert avec bonheur avec LO’JO.

En résumé, l’expérience est au rendez-vous. D’ailleurs le club du Plan est complet pour accueillir le trio, qui entame ce concert avec «Can’t let you go ». Titre rugueux et musical, au refrain entraînant et chanté à deux voix. La scène est dans le rouge avec en décoration, de chaque côté, des boules de casier en verre illuminées. Elle vire à l’orange pour « Respecte nou », ça groove, ça swingue pour un message de respect universel. La guitare est jouée aux doigts, ce qui apporte douceur et nuance.

La chanson suivante « Mo Jodi », est la première composée par le groupe et a inspiré le nom du groupe. Hommage à Louis DELGRES. Le bottleneck est de sortie et restera très présent durant tout le concert. L’interprétation intensifiée par la batterie sèche et le sousaphone (gros cuivre fréquent dans les fanfares) qui vrombit est bouleversante, ça transpire le vécu, les racines.

Les titres s’enchaînent avec la constance du jeu de guitare senti, vivant, envoûtant. Le chant en créole est une révélation tellement sa musicalité s’harmonise parfaitement avec ce blues qui fait le pont entre la Caraïbe et la Louisiane. Il émane de ce trio connivence et volonté de propager un message, qui pourrait être une devise du style « Liberté, égalité, fraternité ».

Sur « The promise », un morceau magique tant il est hypnotisant, qui devrait durer jusqu’au bout de le nuit, Baptiste Brondy nous gratifie d’un solo d’une redoutable efficacité, le public ne s’y trompe pas et se manifeste énergiquement.

Pour «Mr Président », l’engagement du groupe se devait de faire un clin d’œil à l’actualité ! L’association guitare bien épaisse, batterie percutante, musclée et précise, soutenue par le sousaphone de Ragfee, font de ce titre un standard. « Ti manmzelle », très chaloupé, raconte l’histoire du père de Pascal qui joua du violon chez le gouverneur dont la femme semblait apprécier autant le musicien que l’homme … no comment !

Il y a également des chansons plus douces, calmes mais toujours chargées d’émotion. Tout en délicatesse, « Sere mwen pli fo » relate l’histoire de la séparation et de l’exil en Louisiane du début du 19ème siècle. La guitare qui pleure mêlée aux chants polyphoniques suffisent à la compréhension du message, sans connaître la langue créole. « Pardone mwen » nous retourne avec sa mélancolie et son final par un solo de trompette joué, ou plutôt sublimé, par Rafgee.

Après « Lanme la », un entraînant et trébuchant boogie/blues – si tu ne bouges c’est que tu es mort ! – DELGRES ne lâche rien et enchaîne avec une reprise de LED ZEP, un « Whole lotta love » et son riff mythique en version créole. Le public exulte !

La maturité acquise au fils des projets, s’exprime dans leur premier album « Mo Jodi » sortie début septembre (chronique à retrouver sur Mamusicale.fr). Les kilomètres parcourus à travers le monde et le temps passé ensemble, confère à ce trio de choc les ingrédients pour des prestations scéniques incarnées par l’Histoire et les histoires personnelles. Le résultat régale un auditoire entre frissons et entrain.

Je vous invite à vous rendre à un concert de DELGRES programmé dans toutes les bonnes salles de concert et bientôt près de chez vous. Pour connaître les dates de concert et l’actualité du groupe c’est sur : facebook et nuevaonda.fr

Retrouvez toutes les photos du live à travers l’œil expert de Vincent Le Gallic ici.