Pire Mastaa pour la street, Pierre Martin pour les schmidts

Lors du festival de la Magnifique Society de ce samedi 15 juin, après son concert débordant d’énergie sur la scène « Central Park » je suis allée à la rencontre de Pire Mastaa, un jeune rappeur rémois aux influences éclectiques. Allons le découvrir

Salut Pire Mastaa, alors comment te sens-tu après le show que tu viens de nous offrir ?

Salut Leïla, aaah écoute je me sens très bien c’était un beau show, j’ai donné toute mon énergie (rires)

Pour commencer peux-tu nous donner quelques petites infos sur toi pour ceux qui te connaissent déjà et pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Je suis « Pire Mastaa pour la street et Pierre Martin pour les schmidts ». Je fais du rap en français, je suis de Reims précisément du quartier Chalet-Tunisie, quartier qui compte énormément dans ma musique. Je suis également beatmaker et là je suis en train de me former en tant qu’ingénieur son après 10 ans en autodidacte pour proposer un son toujours plus carré. Mon rap s’accompagne d’instrus énervées, des samples, des basses, du boom-bap, de la trap. Tout ça j’adore et le métal aussi. En vrai j’essaie de faire un truc qui me ressemble.

Connaissais-tu le festival avant d’être présent sur la programmation de cette année ?

Oui parce que je m’informe régulièrement sur les différentes programmations des festivals qui pourraient correspondre à mon style de musique. Et surtout je suis curieux des événements se déroulant chez moi. Je connais donc forcément la « Magnifique Society » depuis sa première édition, il y a maintenant 3 ans.

Qu’est-ce qui t’a donné le plus envie de te  produire ici ? Est-ce plutôt le côté artistique avec la programmation proposée ou plutôt le côté affectif, le fait d’être à domicile pour la symbolique que cela représente ?

Ce qui m’a donné envie de me produire ici c’est un peu les deux. C’est le côté artistique et affectif. Affectif car c’est ma ville Reims et pour moi c’est normal d’honorer sa ville avant d’avoir la prétention d’aller jouer ailleurs en France. Pour le côté artistique, je n’avais pas la moindre idée du contenu de ce festival au moment de ma programmation, mais quand j’ai vu Nekfeu, Caballero&JeanJass sans oublier Hamza, c’est incontestablement du lourd. De tous ces artistes,  celui que j’admire  le plus artistiquement parlant c’est Scarlxrd. Pour moi c’est une grande fierté de partager l’affiche avec des artistes confirmés, je trouve ça super valorisant.

Comment le rap américain influence t’il tes compositions ?

Déjà honnêtement tout le monde est influencé par  le rap américain. Le rap est initialement américain. Sinon, tout m’influence tant qu’au niveau rythmique cela me plaît. D’ailleurs sur le son «Solo Maudit Zonard», un son que j’ai clippé et qui a accompagné la sortie de mon album, on y retrouve des flows inspirés de l’électro russe. Pour moi, avant tout la musique c’est mathématique, c’est du solfège. Je calcule tout, la moindre syllabe, note… Le rap c’est d’abord un rythme et un flow, c’est ce qui me touche le plus. Les cainris sont vraiment en avance là-dessus, très avant-gardistes, toujours à l’affût de nouveaux rythmes. En France on est un peu à la traîne, après y a des flows stylés qui viennent de Reims genre 6rano, Starlion ou même Bary Scredy pour les plus anciens.

Quelle est la pire mésaventure que tu as rencontrée dans le milieu du rap ?

Il y a dix ans, j’étais comme aujourd’hui à l’affût de nouvelles scènes et on m’a proposé de faire un concert dans le cadre JMF (jeunesse musulmane de France), j’y suis allé et je ne m’étais pas suffisamment renseigné sur le contexte du concert. Sauf qu’en arrivant sur place j’ai découvert que j’étais soumis à certaines contraintes. On m’a dit pas de trucs de caïra, ni de trop vulgaire, trop street quoi, sauf que nous c’est ce qu’on faisait à 100%. Du coup on a dû réécrire nos textes pour se conformer à leur public. Même en termes de technique, on n’avait pas le matos idoine et ça c’est dur de gérer.

Qu’est-ce que cela t’a enseigné ?

La leçon que je tire de cette aventure sincèrement c’est qu’il faut toujours se renseigner sur l’équipe et les installations techniques sans oublier le public qui vient nous voir. C’est très important pour éviter d’avoir des surprises (public, nous, ou équipe technique).

Aujourd’hui on se rencontre dans le cadre du festival Magnifique Society qui met en avant la scène franco-japonaise. Le titre intitulé « Death Note » est inspiré, je suppose, du manga de Tsugumi Oba. L’univers du manga t-a-t-il influencé dans la composition de ce morceau et comment ?

L’univers sombre du manga me touche. Je n’aurais pas été un mec de « tess », je pense j’aurais sûrement été gothique (rires). Pour le morceau « Death-Note »  c’était parti d’une vanne avec des potes.  Tu sais, j’écris tout le temps sur un cahier et pas tellement sur mon téléphone, on s’est dit que si j’écrivais le blaze d’un mec dans mon calepin, j’allais indéniablement  tuer sa carrière. Tout comme le personnage Light Yagami et son « cahier de la Mort ».  Sur mon  morceau je suis très technique, j’ai  fait trois rythmes différents en deux couplets. Il faut vraiment l’écouter.

Quels sont les titres de ton 1er Ep intitulé « Débordements » dont tu es le plus fier ?

J’aime bien tous les morceaux mais les deux premiers me marquent plus. Le morceau « Débordements» aussi, c’est un appel au secours des cités. J’explique que le quartier est une poudrière. Si tu mets un peu le feu ça explose de partout.  L’autre morceau je dirais « Devant » premier titre de l’EP. « Devant » signifie devant le bloc. Référence à l’endroit où j’ai fait les freestyles notamment le freestyle « Solferino » lors de mes débuts.  Tous ces sons là je les joue sur scène, c’est du boom-bap avec une touche d’East Coast. Il faut écouter tous mes projets en entier car c’est de la bombe. (rires)

Dans ton nouveau projet « NO REST » sorti en 2019 quel est le son qui ambiance le plus ?

Le son qui ambiance le plus je dirais que c’est celui en featuring avec RSK qui s’intitule « La Même ».

Celui qui Te donne envie de t’isoler ?

Celui qui me donne envie de m’isoler c’est le morceau « Deadline ». Comme tu as pu le constater sur scène je suis avec mon livret et je le lis pendant le concert. C’est ma façon de m’isoler.  Ce calepin comporte beaucoup d’images que j’ai moi-même dessinées ainsi que pas mal de phases de mon album. A la fin du morceau je l’ai jeté dans la foule et la personne qui a réceptionné ce petit trésor y trouvera un cadeau « hiphop » soit une séance studio, soit la participation au tournage d’un de mes clips ou autre selon son envie.

Et enfin celui où tu t’es le plus dévoilé : « Trancher » est vraiment le son dans lequel je me suis le plus dévoilé. Ce morceau évoque le devoir de faire des choix : chose qui est dure à faire.

Sur la playlist de Pire Mastaa quels artistes peut-on retrouver ?

Dans ma playlist on peut retrouver beaucoup d’artistes américains. Tels que Iceberg Black, $uicideboy$, Ghostemane ou encore Germ et son collectif les Buffet Boys.

Pour terminer en quelques mots que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?

Que toutes les choses que je me souhaite m’arrivent. C’est-à-dire plein de concerts, plus de visibilité et  surtout la  reconnaissance du public.

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