Pas une ride pour Matmatah au Trianon

En une soirée au Trianon, Matmatah aura prouvé à son public son amour tout d’abord, pour sa riche discographie mais aussi pour la scène, sa prédilection.

20h30. Les lumières s’éteignent et le Trianon est plongé dans le noir complet. Le sol commence à trembler sous le poids des pieds des plus impatients, tandis que d’autres préfèrent chambouler les murs de leurs cris. Ils sont cinq à entrer sur scène, sobrement, mais avec classe. L’ambiance est brûlante. Matmatah va droit au but et entame son set sans discuter avec Anter-Ouache/Ouache, qui s’enchaine efficacement de Quelques sourires et l’électrique ll fait beau sur la France. Le frontman Stan se présente, déambule, s’enflamme mais ne dérive jamais dans l’outrance : c’est une prestation plutôt sage. Le nouveau guitariste, présent depuis la reformation, demeure le plus timide. Son jeu, en revanche, tient l’entièreté du groupe, tant la production ne cesse de le mettre en avant. N’oublions pas l’excellente acoustique du Trianon, qui ne cesse de nous impressionner.

Le groupe perdure dans un sillon nostalgique qui nous propulse dans les années 90, avec notamment Archimède et Emma. Une tentative de pogo s’effectue à notre droite, mais en vain. Le public, visiblement, semble captivé par la formation et ne lâche prise que dans les moments les plus fédérateurs (La cerise, Lambé An Dro, qui clôturera magistralement le set avant le rappel). Sans grande surprise, la setlist se ponctue de nouveautés, issues du dernier né Plates Coutures. De Lésine Pas à Marée haute en passant par l’expérimental Nous y sommes, qui use de sonorités electroniques surprennantes, le groupe prouve indéniablement qu’il n’est plus ancré dans le passé. Ce n’est pas sans compter les bavures rock’n’roll incontournables de Retour à la normale, qui aborde comme il se doit les bonnes vieilles moeurs. Mais on ne change pas une équipe qui gagne. Le fameux Les moutons en sera l’ultime piqûre de rappel. Parfois, on discerne même en Matmatah une image de précurseur, si ce n’est de « guide » des groupes dits de « nouvelles générations », comme Shaka Ponk (qui se sont, au fur-et-à-mesure, bien entendu différenciés).

C’est sûrement cela, le sentiment majeur éprouvé à la sortie du Trianon : l’impression, non seulement d’avoir vécu un grand moment de rock purement français, mais aussi d’avoir définitivement compris le phénomène qui entoure Matmatah. Un groupe, qui, après deux décennies, trace toujours son chemin malgré l’émancipation du genre. La musique, heureusement, est un art qui ne vieillit pas. Et rebelotte demain, à quelques mètres du Trianon, à l’Elysée Montmartre.

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