Ramon Pipin : Comment éclairer votre intérieur !

On a vu souvent rejaillir le feu de l’ancien volcan qu’on croyait éteint.

Aucune raison d’en douter. D’autant que les vulcanologues passent plutôt pour des gens sérieux. Sauf que depuis 1970, ce volcan là ne s’est jamais assoupi, de son cratère continue toujours de jaillir une inspiration féroce en pleine ébullition ! En fusion totale aussi avec son public.

Pour Mamusicale, le doute n’est pas permis ! La dernière éruption de Ramon Pipin “Comment éclairer votre intérieur” sonne comme une évidence. Le roi est de retour et signe une nouvelle production avec le brio, l’irrévérence et l’insolence caractérisant son ADN !

1980 : No Sex ! prédisait le Ramon Pipin’s Odeurs, fervent précurseur de la manif pour tous.

2016 : Ramon Pipin is back ! Et s’emploie aujourd’hui à Eclairer votre intérieur.

Un retour lumineux mais peu surprenant quand on a le rythme et la mystique dans la peau !

Disponible depuis octobre 2016 sur le site “ramonpipin.fr“, le dernier effort du Ramon Pipin Band affrontera donc bientôt l’épreuve du bac pour être présent début mars dans les linéaires de la grande distribution culturelle.

A l’heure où j’écris ces lignes, je tiens l’objet en main. Un bel objet, digipack, production soignée comportant livret, paroles, photos et commentaires. Comment le taire ? Et pourquoi ?

Pour les plus jeunes, Ramon Pipin est le fruit d’un arbre qui a beaucoup donné, Au Bonheur des Dames, Odeurs et une belle carrière solo. De l’humour, du texte, de la provocation, du rock, des compositions exigeantes, du second, du troisième degré et un esprit que beaucoup de revenants doivent lui envier secrètement !

Ces présentations achevées, interrogeons-nous.

Cet album tient-il vraiment toutes ses promesses ? Ou n’est-il qu’une fallacieuse aventure marketing de plus, destinée à rejeter dans l’ombre les mélomanes les plus éclairés ?

Eh bien, la vérité, toute la vérité, rien que la vérité nous oblige à témoigner que les tests de dépistage consommateurs se sont révélés positifs et stupéfiants ! Le grand public tout comme les critiques ne s’y trompent pas et réservent à cet album jubilatoire un accueil plus que favorable !

Alors qu’en est-il réellement du mythique objet ?

Auscultons-le et procédons par ordre. Du général au particulier, comme aiment nous l’enseigner les militaires. En premier lieu, saluons la performance.

19 titres plus un final fantôme non crédité sur la pochette ! A coup sûr, Ramon Pipin n’est pas l’héritier de Pépin le Bref ! Avec 14 nouvelles chansons, un poème, une paire de twongs et deux reprises gagnantes. Le bilan est sans appel : victoire aux points !

Deux reprises, revues et corrigées. Résultat ? “Youpi la France” maintient son statut de challenger au concours de l’Eurovision, et le magistral “Nous sommes tous frères” se reconvertit en hymne national fermement soutenu par des arrangements de luxe, haut de gamme, embarquant chambre d’écho, violons, alto, violoncelle, piano, basse, batterie appuyée et pour les choeurs, la délicate Clarabelle ainsi que l’Orchestre de chambre de Bonn. Pour créer l’incontournable sensation musicale de ce disque qui continuera de résonner longtemps à vos oreilles. Puissant, envoûtant et scotchant. Un must qui n’admet aucune critique et devrait depuis longtemps tourner en boucle sur toutes les ondes !

Comme à l’accoutumée Ramon Pipin nous régale et compose une belle mosaïque où toutes les tendances musicales se fondent pour bâtir un album homogène. La recette parfaite du “Melting Pop”, reposant sur une voix équilibrée, solide, des compositions et des arrangements travaillés qui s’impriment dans les mémoires (les Puritains).

Dès l’introduction chaleureuse, la complicité s’installe. La constance du public est célébrée et fait l’objet d’une très sérieuse analyse révélant une composition hétérogène mais aussi de graves carences en présence aborigène. Ce que l’Océa-nie fermement ! Changement de registre avec le titre éponyme “Comment éclairer votre intérieur” qui constitue un autre sommet de l’album. Incisif et musclé. “Les Puritains” vous convertiront sans doute et vous convaincront sans se faire prier de la nécessité de les écouter et de les réécouter.  “La chanson ennuyeuse” mais pas chiante, visible sur le net, est bien partie pour submerger les rave party et détrôner David Guetta. “Bernadette se marie” reflète tout le savoir-faire de son auteur. Dérision, fraicheur musicale enjouée et chute impossible à dévoiler ! Du grand art ! Injustement répudié, le “Velours Côtelé” trouve enfin l’avocat (présent dans la salle ?) qui lui manquait et se voit enfin réhabilité.  Ardent défenseur des causes désespérées, Ramon Pipin joue ici encore sur du velours…

“Je ne parviens plus à jouer le blues”, nous conte le blues d’un financier qui ne parvient pas à l’interpréter ni à le chanter, “Pour mon anniversaire”, la solitude d’un anniversaire, “C’était chouette” les amours champêtres et l’excellent “Danser au Palace” peut sans crainte concurrencer les cinq étoiles !

Pas un titre qui ne mérite une écoute attentive ! Liberté de ton et impertinence ! Des textes drôles, piquants, proches de nos quotidiens mais capables de s’élever pour se pencher sur l’origine de l’Univers.

Pour ce difficile exercice, Ramon Pipin s’entoure de joyeux comparses, complices de cette belle aventure, aussi nombreux et présents en studio que sur scène et qui ont tous un nom : Ramon Pipin (Organe vocal, Guitare acoustique et électrique, solo guitare à l’envers), Cyril Barbessol (piano, orgues, accordéon, harmonium), Vincent Turquoiz (flûte, Glockenspiel, clavecin, tubular bells, saxophone, mellotron), Inconnu (pipeau), Franck Amand (Batterie, tambourin), Marc Perier (basse),  Pierre Sangra (guitare acoustique, mandoline, violon, dulcimer, oud, banjo), Stéphane Daireaux (guitare électrique), Clarabelle, Diane Dupuis, Sangra, Camille Saféris, Turquoiz , Orchestre de chambre de Bonn (Chœurs), Anne Gravoin (1er violon), David Braccini (2ème violon), Jonathan Nazet (Alto), Mathilde Sternat (Cello), Eric Mula (flugelhorn, trompette), Jean-Michel Kajdan (guitare électrique), Benoit Dunoyer (contrebasse).

Un nouvel album de Ramon Pipin constitue toujours un évènement qui réserve son lot de surprises. Sous couvert d’humour et d’ironie, Ramon Pipin signe ici une belle production, provocatrice, parodique, nostalgique et plutôt sombre, dont le centre de “gravité” se déplace sans cesse pour capter la Lumière !

Surveillez donc impatiemment la sortie de cet album. Assurez-vous de sa présence dans les linéaires de votre disquaire préféré. Au besoin exigez-la ! Il vous en sera reconnaissant.

Et ruez-vous séance tenante sur ce CD autoproduit qui mérite plus que le détour et qui a depuis longtemps, épuisé les stocks de superlatif de mes confrères chroniqueurs !

Retrouvez le live report du 26 septembre 2016 sur Mamusicale.fr

Rédacteur Jazz & Blues/Rock