PUR-SANG : l’EP « Pur-Sang », un son dust-folk glissant vers le blues

Skye et Claire Joseph se connaissent très bien. Après avoir passées sept ans au sein du trio Sirius Plan, les voici lancées avec leur nouveau projet « Pur-Sang » qui vient de fêter ses 1 an.

Vous avez créé le groupe Pur-Sang juste après la fin de Sirius Plan, était-ce une évidence pour vous de continuer toutes les 2 ?

Skye : ça a été une surprise et une évidence. On était initialement parties pour reprendre nos carrières solos. J’ai parlé à Claire d’une composition que je venais de faire, que j’aimais beaucoup mais je n’étais pas complètement satisfaite car je ne la voyais pas pour moi. Je lui ai demandé son avis et au bout d’une heure, on s’est regardé et on a éclaté de rire car on avait compris que c’était évident qu’on devait la chanter ensemble. On ne savait pas quelle allure ça allait prendre ni si ça allait un être un projet important ou un projet parallèle. On s’est juste lancé car on aime énormément travailler ensemble.

Pur-Sang c’est le nom de votre groupe et de la chanson éponyme, est-ce la chanson ou le nom qui est arrivé en premier ?

Claire : ça s’est fait en deux temps. La chanson dont parle Skye était pratiquement terminée sauf le refrain. On était en voiture et on se disait que ce serait rigolo d’avoir un nom vibrant, organique, en mouvement, et dans la terre. Le mot pur-sang est arrivé comme une évidence, je me rappelle l’avoir presque crié.

Skye : j’ai adoré ce titre car on avait passé sept ans au sein d’un groupe avec un nom plutôt barré dans les étoiles, c’était Sirius Plan, et je crois qu’il était important pour notre équilibre d’avoir quelque chose de réellement ancré dans la terre, dans la matière, et connecté aux choses, aux animaux, aux végétaux, aux minéraux, tout ce qui constitue ce qui nous entoure finalement.

Qu’avez-vous appris avec l’expérience de Sirius Plan ?

Skye : j’ai appris que c’était normal de se perdre et de se retrouver ensuite au sein d’un collectif. Le collectif donne une énergie incroyable pour rester soi et en même temps tout donner à l’autre. C’est un équilibre à trouver, qu’on a trouvé la plupart du temps et qui a été merveilleux à vivre. A travers ça, tu apprends du coup à passer après, ou certaines fois devoir passer avant, en espérant ne pas faire trop mal à l’autre.

Claire : Sirius Plan m’a réellement permis de tester des instruments. Je viens du piano, et j’ai commencé à faire de la guitare sans en comprendre réellement les bases et ce groupe m’a permis de m’amuser, de tester des choses, d’aller voir un résonateur 4 cordes, pour finalement jouer de la basse, ce qui me remplit de joie. Ce chemin était nécessaire, et grâce à ce groupe j’ai pu me balader.

Avez-vous changé votre manière de composer ?

Skye : que ce soit avant Sirius Plan, pendant ou après, Claire comme moi avons toujours fonctionné avec ce système de partage et de ping-pong si je puis dire. On est assise devant une table et l’idée de l’une va faire surgir une autre idée chez l’autre. On chemine et on arrive à un résultat. Avec Sirius Plan, on a appris à travailler à 3, ce qui est plus étrange car c’est d’une puissance folle quand ça fonctionne. Ça fait plus de 12 ans qu’on se connait et travailler à deux a toujours été d’une facilité totale.

Claire : il y a aussi un savoir-faire qui est un peu plus affûté. On sait encore mieux ce qu’on a envie de dire, et de recevoir. Parce ce qu’il ne faut jamais oublier que la création vient rarement de soi mais de tout un tas de choses autour de nous.

L’EP est sorti en novembre 2018 et se compose de quatre titres, et l’une de vous a dit que vous aviez plein de titres déjà prêts, cela veut-il dire qu’il y a déjà un prochain EP ou un album en préparation ?

Skye : c’est la petite inconnue qui nous plait en fait. Car après 7 ans de courses folles, on se lance à corps perdu sur les lives sur scènes, on écoute et on regarde ce qui se passe. On a fait cet EP très rapidement pour avoir une sorte de carte de visite, sentir nous-mêmes qu’on existait, et qu’on avait une identité qui prenait forme. On a besoin de se donner un peu de temps. Des compositions arrivent, qui sont de plus en plus homogènes avec les premières, et on sent qu’on commence à avoir un répertoire solide, ce qui nous plait beaucoup.

Claire : et on n’a pas du tout envie de faire ça à l’arrache. On veut prendre le temps de trouver les bons sons, la bonne production. C’est un luxe mais pourquoi ne pas se l’offrir.

Vous avez fait les quatre titres en français, était-ce réellement une volonté ?

Skye : une grande envie sans que ce soit réellement réfléchis. On écrit nos chansons en français, et on va plutôt faire des reprises en anglais. On voulait donner un indice pour ceux qui ne sont pas forcément familier avec cette folk country rock, qui tire un peu vers le blues. C’est purement américain. Cette folk country là, on voulait aussi la faire découvrir à notre manière.

L’une de vous deux a dit : « je trouve que c’est un plaisir sans nom de faire de la musique dans un état positif. On touche à quelque chose qui fait un bien fou », alors qu’on dit souvent que les plus belles chansons ont été composées dans un état dépressif ?

Claire : moi j’adore me lover dans la mélancolie. J’adore écouter « ne me quitte pas » ou des chansons d’Aznavour, mais j’adore composer dans la joie et me dire que cette chanson va faire du bien quand elle va être chantée et jouée pour résonner chez d’autres personnes qui seront heureux. Il n’y a pas de règle.

Skye : dans ma voiture qui m’emmène sur le chemin qui me plait, j’ai envie que le moteur soit joyeux. Effectivement j’aime aussi la mélancolie mais j’ai besoin d’un grand soleil dans le cœur pour composer. C’est salutaire pour moi, c’est un baume.

Vous avez travaillé auparavant avec Christophe Willem, Emmanuel Moire, Katel, et tout récemment Lulu Gainsbourg, d’autres collaborations sont en vues ?

Skye : on a récidivé avec Emmanuel Moire. On a co-écrit son single « Le Héros » qui sort actuellement.

Claire : figures-toi, ce titre a été écrit dans la forêt sous un grand soleil et on était tous les 3 super biens. On parlait de cette difficulté à transcender, à traverser tout ce qui nous arrive dans notre vie, toutes les épreuves, le fait de tomber, de trébucher et malgré tout se relever et continuer à y croire.

Skye : on a ouvert la 1ère partie de Delgrès, à la Cigale il y a quelques jours, et on adorerait qu’ils nous appellent demain en disant, allez les filles venez sur le prochain album qu’on s’amuse. Ce sont des gens d’une bienveillance et d’une gratitude envers la vie qui nous fait beaucoup de bien.

Vous revenez des Etats-Unis où vous êtes allées également avec Sirius Plan, dans quel état d’esprit êtes-vous revenues de ce voyage ?

Skye : on est retourné à Mobile en Alabama, à Lafayette en Louisiane, et en Nouvelle Orléans, où on connait de mieux en mieux et plus profondément les gens avec qui on a gardé des liens forts. On partage de plus en plus de choses avec eux sur scène et en dehors. Le but de ce voyage c’était de revoir nos amis bien sûr, mais aussi de se tester, de vérifier. Pur-Sang c’est un noyau de 2 personnes mais n’importe qui peut venir avec n’importe quel instrument sur n’importe quelle de nos chansons, et peut entre les 2 derniers refrains, jouer autant de mesure qu’il veut.

Claire : et tout çà sans avoir répété avant. C’est comme un open space où tout le monde peut venir. Ça peut être un violon cajun, une guitare blues des plus académiques, un banjo, une flutiste, un bassiste pour faire une 2ème basse. Tu peux te retrouver à 6 personnes sur scène sans savoir ce que l’autre va jouer. Il y a 2 ou 3 indications et la magie commence. On a été invitées sur scène tous les 2 jours et à chaque fois les concerts étaient complètement différents. Nos chansons prenaient des formes et des intensités vraiment différentes. Ça m’a bouleversée car une chanson que je pensais connaître parfaitement se dévoilait autrement à travers d’autres personnes. J’en ai encore la chair de poule rien que d’en parler dis-donc.

Quel est votre tout 1er souvenir musical ?

Skye : celui qui me vient c’est « Emilie Jolie » de Philippe Chatel, j’ai dû l’écouté 37 milliards de fois.

Claire : j’étais la dernière enfant de 4, donc beaucoup de musique m’était « imposée », c’était toujours la course à celui qui allait mettre son disque en premier. J’ai eu des musiques de grand dans les oreilles à l’époque que mes amies ne connaissaient absolument pas. Le vrai artiste que je me suis approprié c’est Louis Armstrong. Je l’écoutais très souvent avec ma mère. Du coup je voulais faire de la trompette mais j’ai réalisé que je ne pouvais pas chanter en même temps et Louis Armstrong avait de grosses joues. Du coup j’ai fait du piano.

De quel compliment êtes-vous le plus fière ?

Skye : C’est ma mère qui est assez pudique dans les mots. Ce n’est pas tant ce qu’elle a dit mais plutôt l’expression dans ses yeux. Ce n’est pas si vieux d’ailleurs. J’ai compris que ce que je créais lui offrait du rêve et de la joie, et non pas par procuration en ayant gagné un prix, mais par mes propres créations. Ça m’a très émue.

Claire : moi c’est mon père qui m’a dit que j’avais une faculté à fédérer les gens avec ma musique, autour de mon piano. Je devais être au lycée quand il m’a dit ça. Effectivement, ce piano était ma botte secrète que j’utilisais avec mes amis, avec ma famille, pour rassembler les gens autour de quelque chose extérieure et qui pouvait être totalement anodin et léger. Ça a été un compliment parce que j’ai eu l’impression qu’il me perçait à jour.

Quelle est la chanson qui vous fait pleurer ?

Skye : dernièrement j’ai été complètement choquée par Bastien Lucas. J’ai écouté ses 2 chansons « Felins » et « 21 décembre ». Le mec ose complètement la tendresse. C’est magnifique.

Claire : moi c’est une française aussi, c’est Zazie. Je pourrai en citer plein qui m’ont fait pleurer. « Ça » est celle qui me touche énormément, ou « Si j‘étais moi ».

Avez-vous un objet fétiche ?

Skye : ça serait un bracelet que je porte.

Claire : tout ce que je porte est très chargé. Que ce soit mes chaines, mes bagues, mes bracelets. J’ai aussi des choses dans les poches comme des pierres ou des pièces étrangères.

Quel est l’évènement qui vous a le plus marqué dans toute l’histoire de la musique ?

Claire : moi c’est un concert de Tori Amos à l’Olympia où elle est arrivée seule au piano et pendant 2 heures j’ai eu l’impression qu’elle avait fait, je ne dirai pas une messe car ça n’avait rien de religieux, mais une espèce de cérémonie énergétique, un truc de fou. On est tous ressorti complètement shootés de bien-être, d’amour, en se demandant ce qu’elle nous avait fait. C’est là que je me suis dit, cette femme est très très puissante.

Skye : moi c’est quand j’ai enfin rencontré Prince. Très longtemps j’ai juste entendu, étant gamine, ce qui passait au top 50 à l’époque. Jusqu’au jour où Katel, avec qui j’ai monté mon 1er duo à 15 ans, m’a parlé de Prince. Elle m’a amené 5 albums d’un coup. Je préparais mon bac blanc à l’époque, et c’était très compliqué, car je bossais à la maison et avant de me mettre au boulot j’écoutais 2 heures de Prince à fond dans la maison. J’ai eu des explosions d’harmonies, des explosions d’idées, de plein de truc rythmiques, mélodiques, et ça a été le déclic pour moi, je suis faite de ça et pour ça.

Quel est votre coup de cœur du moment ?

Claire : Lucy Rose avec sa chanson « conversation ». J’adore cette chanson

Skye : moi c’est Yola avec son album “Walk Through Fire”. Elle est anglaise, elle est noire, et elle est fan de country.

Quelle question voudriez-vous poser à l’autre ?

Claire (rires) : mais on n’arrête pas de se poser des questions. Ah si j’ai une question : si la musique n’existait pas dans ta vie, tu ferais quoi ?

Skye : je ferais de la photo ou j’écrirais, ou je bosserais le bois

Claire : moi je bosserais avec les animaux. Je ne sais pas comment mais je serais proche de cette espèce-là. Je travaillerais pour qu’il y ait une vraie relation entre les humains et les animaux.

Quelle est votre actualité à venir ?

Claire : on sera le 12 juin au New Morning en 1ère partie de Malted Milk. Le 19 juin on est en co-plateau avec Nilem au Bateau El Alamein, ça sera pour les 1 an de Pur-Sang. On part en Belgique avec le 27 juin à Verviers au Spirit of 66. Le 28 juin à Gelbressée, près de Namur. Le 5 juillet on est à Dax pour le festival de blues « Motors and cars ». Le 13 juillet, on accompagne Lulu Gainsbourg au Mas Carré avec Delgrès. Le 18 juillet on sera toujours avec Lulu au festival « Oh Bugey » à Oyonnax. Le 21 juillet à Hastière près de Namur et le 23 août à Verviers pour la Fiesta City.

Skye : et en parallèle on travaille sur nos concerts « en grand » en imaginant des décors sonores. On n’a pas du tout envie d’utiliser d’ordinateur ou de boite à rythmes car ça ne nous convient pas. On cherche plutôt à mettre des battements de cœur, des bruits de chaînes, ou des sons de nature, qui évoqueraient des décors. On cherche une ambiance, une atmosphère vraiment particulière.

Merci beaucoup à vous 2 et à très bientôt sur scène, où on pourra se procurer votre EP.

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