« J’aurais dû m’appeler Lulu, mais la dame n’a pas voulu ».

En ce dernier lundi avant Noël, Mamusicale me fait un petit cadeau en m’invitant au concert de Lulu Gainsbourg au Café de la Danse à Paris. C’est ici que se produit un lundi par mois, d’octobre à mars, l’héritier du prodige du même nom.

Je retrouve Vincent Le Gallic, prêt à figer le son devant nos yeux avec ses appareils photos ; puis nous entrons dans la salle de concert. Les courants d’hivers traversent la salle, bientôt réchauffée par les chanteuses Skye et Claire Joseph, du duo Pur-Sang, qui jouent en première partie. Une magnifique ambiance acoustique-folk se répand autour de nous, dans un jeu de lumières chaudes qui ravivent nos esprits. Nous assistons à un contraste harmonieux entre leur voix solaires, aériennes, et ce rythme folk / rock. Petit détail qui claque : Skye chante et joue avec une guitare pour droitier, mais de la main gauche, les cordes sont inversées !

Nous retrouvons quelques minutes plus tard les chanteuses de Pur Sang, mais cette fois aux côtés de Lulu Gainsbourg, en tant que chœurs. Lui apparaît décontracté, vient se placer au-devant de la scène, derrière son clavier tout de même, suivi de ses musiciens qui rejoignent une batterie, une guitare électrique et une basse. Il dévoile son nouvel album, « T’es qui là ? » paru en février 2018. A la fin de la première chanson, éponyme de l’album, il s’écrit « Téquila ! » et jette son gobelet derrière lui. Qui de nous saura de quoi il était rempli. Puis Lulu nous parle d’amour à travers « L’amour n’a pas d’âge » et « salade composée ». Il est au centre des projecteurs, mais les lumières naviguent en arrière-plan entre les différents musiciens. Les notes sont calmes et flottantes au début des chansons, avant une montée en puissance dans la voix de Lulu, suivi des instruments qui accélèrent le rythme. Après cette introduction du concert qui nous attend, l’ambiance devient plus rock. Sur la quatrième chanson, « Fazioli », les chœurs disparaissent. Lulu prend une voix murmurante, les lumières sont électrisantes. Il alterne entre paroles en français et en anglais, qui donnent un accent beaucoup plus pop à ses chansons, comme « It’s Always Something ». La septième chanson, « Le bal des infidèles », est une valse. Le public se met à chanter avec lui. D’un coup, tout balance autour de moi : les chœurs, les mains, les cheveux, la brume et les cordes de guitare. Une atmosphère toute en dentelle, qui annonce quelques minutes bien plus émouvantes.

Lulu nous annonce que « Destiny » a été composée pour son père. Sa voix est doublement grave, de son et de sens. L’émotion gagne ses paroles et son timbre. Elle emplie l’air, rend son poids plus lourd, avant de retomber sur les épaules du chanteur, le faisant craquer sur les dernières notes. La chanson suivante a bercé son enfance. Une douce fumée s’échappe du sol, caresse la scène, avant de s’évaporer vers les projecteurs. Entre les deux extrémités, je distingue à travers cette écran semi-opaque que les yeux du chanteur sont brillants, rougis, levés au ciel. On entend les tremblements de sa voix, qui pourtant, reste muette. Les notes de « La Javanaise » résonnent dans le cœur de toutes les personnes ici présentes.

Retour vers le présent avec la onzième chanson, qui nous explique pourquoi il s’appelle Lucien. Pour le mythe ou pour de vrai, il aurait dû « s’appeler Lulu, mais la dame n’a pas voulu ». Il assume pleinement l’héritage culturel qu’il tient de son père en nous chantant « le nom de mon père c’est peut-être une galère, mais j’en suis fier ».

Le concert se conclut sur un moment offert à toutes les mamans avec « Mère-ci ». Un remerciement universel, ouvert à toutes les voix, que nous interprétons chacun à notre manière. A la fois, cette ambiance contraste avec l’intimité prenante du fils envers son père pendant le concert. D’un autre côté, ça complète l’hommage que nous rendons tous ce soir à Serges, et à nos mères, comme si nous faisions parti d’une même famille pendant deux heures, partageant ensemble le manque et l’admiration.

Une fois la scène éteinte et le public levé, je me dirige vers la sortie du Café de la Danse. C’est alors que je croise les deux chanteuses de Pur Sang, Skye et Claire Joseph, avec qui j’ai la chance de discuter quelques minutes. Skye m’explique qu’elles ont rencontré Lulu grâce à leur manager commun. Malgré une rencontre improbable, leurs énergies se sont pourtant bien mariées, et l’alchimie a été totale. Ils chantent ensemble depuis le début de cette programmation au Café, c’est-à-dire depuis octobre. Le début d’une belle collaboration, qui durera au moins jusqu’en mars.

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