Interview des L.E.J : De la passion, des amis et du kiff au cœur de ce nouvel album

Vous connaissez sûrement les LEJ ! Après leur Summer 2015 qui a fait exploser les vues sur YouTube,  les trois inséparables Lucie, Elisa , Juliette sont devenues aujourd’hui un incontournable de la scène musicale française.  Leur nouvel album « Pas Peur » est sorti le 29 mai dernier. Elisa Paris nous a parlé avec sincérité de musique, d’actu et de sentiments.

Salut Elisa ! Merci de prendre le temps de répondre à mes questions. Alors le confinement, tu l’as bien vécu ?  A-t-il été source d’inspiration pour toi ? 

Complètement ! Je suis quelqu’un de casanier de base donc ça n’a pas été un problème pour moi. En plus j’étais dans le sud, j’avais du soleil donc c’était pas mal ! Juliette l’a vécu comme moi. Le confinement ça a été plus dur pour Lucie au début, mais le mood créatif et de détente est vite arrivé ! Ça nous a rendu créatives, on a trouvé plein de systèmes de musique à distance. On remixe nos propres morceaux avec des verres et des noix de coco ! (rires)

Quelle est la première personne que tu es allée voir lors du déconfinement ?

Ma mère, et juste après les filles !

Vous avez sorti votre album « Pas peur » le 29 mai dernier, dont le style des chansons est très éclectique : on passe littéralement par toutes les émotions en les écoutant. Mais si tu devais caractériser en un seul mot l’album, quel serait-il ?

Éclectique en vrai (rires) ! C’est efficace comme mot, tu m’as donné la réponse j’adore !

Vos morceaux en eux-mêmes sont toujours très riches , du coup comment ça se passe le processus de création? Qui s’occupe de quoi ? Dans quel ordre ? 

Déjà on a essayé de mettre moins de choses sur cet album. Si tu trouves ça riche tant mieux ! Mais par rapport à Poupées Russes on a enlevé beaucoup de choses, beaucoup de textes par exemple, de métaphores etc. Bon il y en a quand même parce qu’on adore ça ! Mais même musicalement parlant, on va plus à l’essentiel, on essaye de mettre moins d’ornements. Pour la création, cette fois on ne l’a pas faite toutes seules contrairement à Poupées russes. On a été accompagné de Kemmler et Youssoupha, deux-trois beatmakers, un lyriciste et des compositeurs. Il n’y avait pas forcément de méthode : soit on arrivait avec un morceau complet, on s’occupait de l’arrangement et on créait le texte avec les autres. Soit un autre jour on nous proposait une prod et on la remixait à notre sauce, on trouvait une mélodie dessus. Une fois, Juliette arrivait avec son violoncelle et on commençait le morceau par ça,.. Donc pas de méthode fixe, et c’est ça qui est cool ! C’est aussi pour ça que les musiques sont différentes. Comme on n’a pas de méthode, on ne s’est pas fixé de genre musical, on s’est juste laissé créer et ça a donné ça !

L’album s’appelle « pas peur » : c’est quoi, toi, ta plus grande peur ? 

En vrai ma plus grande peur c’est de mourir ! (rires) Mais sinon la solitude ça me fait très peur. De ne plus avoir Lucie et Juliette avec moi.

Vous avez plusieurs feats sur cet album, avec vos amis principalement. Qu’est-ce que ça rajoute selon toi  des collaborations sur un album ?

De l’éclectisme tout simplement, et on se nourrit de la force créatrice et humaine de l’autre. Sur cet album on n’avait pas vraiment réfléchi à des feats avant, on ne s’est pas dit « on fait tant de feats, avec untel et untel ». Les feats allaient de soi un peu. Chilla,  ça faisait longtemps qu’on voulait travailler avec elle, sachant qu’elle est dans le même label que nous !  Bligflo & Oli, c’est pareil,  ça fait 5 ans qu’on est amis avec eux et on voulait faire un truc à 5. A la fin de l’album on a pris le temps et on a enregistré un morceau ensemble à Toulouse. Et Fakear c’est un pote de fac de Juliette avec qui on a déjà travaillé et à qui on demande souvent son avis. On lui fait énormément confiance. Donc ces featurings nous ont apporté beaucoup de bonheur, on ne s’est pas dit que ça va rapporter telle ou telle plus-value à l’album. C’est plus au niveau personnel que ça nous a apporté, ça nous a fait kiffer! C’est aussi pour ça que je pense que les morceaux sont cools.

N’est-ce pas aussi un moyen de contourner le « syndrome de l’imposteur » dont vous aviez parlé plusieurs fois ? comme une sorte de reconnaissance du milieu artistique ? 

Je n’y avais jamais pensé, mais oui complètement ! Pour moi, le fait que Youssoupha veuille faire un morceau avec nous c’était carrément le « tampon validation » dans le cœur ! On se dit qu’on est légitime et qu’on ne fait pas de la merde ! Qu’on a le droit d’être là où on est.

Vous avez fait un showcase assez particulier au Trianon il y a quelques semaines, tu peux nous en parler ? ça faisait quoi de chanter sur scène mais sans public ?

C’était très bizarre, mais à la fois c’était trop bien parce que c’était la première fois qu’on rechantait toutes les 3 en conditions de live. Même s’il n’y avait pas tout le matériel qu’il y avait d’habitude sur scène : pas la batterie, pas les décors,… Mais ça nous a fait beaucoup de bien !

Vous avez récemment sorti le clip participatif de « tous les deux » qui met à l’honneur tous vos fans. Vous entretenez quel lien avec votre public ?

Le confinement ça a été super dur pour ça justement ! Parce que nous la scène, c’est ce qu’on préfère faire, on s’éclate le plus ! Le studio, ça nous angoisse plus. La scène, c’est clairement la raison pour laquelle on fait ce métier. Donc c’était un peu compliqué de ne pas aller à la rencontre des gens, de sortir un album sans pouvoir le défendre en live. Après je pense qu’on est des meufs totalement normales : la relation avec nos fans n’a pas changé malgré le confinement. Les gens qui nous suivent, c’est une famille XXL. On est très familiale, même avec les gens avec qui on bosse. C’est pareil pour les « fans ». D’ailleurs on ne les appelle jamais comme ça, on trouve ça vraiment bizarre, car on ne réalise pas du tout que des gens sont fans de nous ! C’est plus des gens qui nous soutiennent.

Est-ce que vous restez positives et passionnées par la profession face à crise ?

Passionnées oui, positives pas trop ! Les temps sont très durs quand même, et pas que pour la musique : le théâtre, le cinéma,… Donc on est patientes et on attend ce que ça va donner. Il y a quand même des choses qui bougent, par exemple la pétition avec Jean Dujardin et Omar Sy. On a foi en l’humanité pour ça !

Si les L.E.J devaient surprendre musicalement, vers quel genre aimeriez-vous ?

On a pas encore fait de l’électro, de la musique urbaine. Si les gens qui ne nous connaissent pas nous entendent rapper, ils seraient surpris ! Par contre ceux qui nous connaissent, ça ne les surprendrait pas vraiment car on le fait un peu sur scène. Donc à choisir, de la bonne grosse électro. Ou bien un morceau avec Maître Gims. On adore les trucs improbables, comme quand on a fait un feat avec Fianso. Ce serait donc plus dans les collaborations que dans un genre musical propre.

Envisagez-vous de faire un Summer 2020? Quel est ton top 3 des hits indispensables de l’année et qui pourront potentiellement y figurer ?

Tout à fait ! Il y a eu pas de trucs cette année en terme de tubes ! A l’international il y a « TKN » de Rosalia et Travis Scott. En français, il y « Djomb » de Bosh qui a fait un bruit pas possible, mais il ne sera pas dans mon Top 3 personnel. Par contre il y a « Melegim » de Soolking et Dadju qui sera inévitablement dans ce Summer. Et le Drake aussi, « Toosie Slide » .

Personnellement je vous ai connues en tant que première partie de Louis Delort en 2015, et quand je vois tout le chemin parcouru depuis je trouve ça dingue ! Si tu pouvais retourner dans le passé, qu’aurais tu aimé dire à la Elisa de cette époque-là ?

Incroyable comment ça date ! Je lui dirai de profiter. Car tout a été tellement vite en 2015-2016 qu’on a pas vraiment eu le temps de profiter. On comprenait tellement rien à ce qu’il se passait. C’était aussi énormément de chance et c’est très difficile à vivre. Donc je pense que je lui dirai « rends toi compte de la chance que tu as et profite à fond ! Et ne pense pas que les attentes que tu auras dans le futur vont être équivalentes à celles que tu as aujourd’hui car ça change tout le temps » et surtout « te prends pas la tête avec ton image, on s’en fout de l’image !»

Vous avez clairement fait le buzz avec le gimmick « la grosse moula » sur la chanson « tout oublier » lors de votre Summer 2019 : est-ce que selon toi le buzz (inconsciemment ou non) est nécessaire pour se faire connaître/ percer aujourd’hui ?

Oui, je pense malheureusement. Il y a quand même des gens qui ont su faire leur petit bonhomme de chemin et sont arrivés à éclater un jour, mais je pense que le jour où on éclate c’est qu’on a un morceau qui fait ce qu’on appelle « un buzz ». Par exemple, Kemmler est de plus en plus sur le devant de la scènes et son public grandit de plus en plus. Je pense qu’un jour il va tout péter. Mais aujourd’hui, je pense que pour « se faire une place », pour que le maximum de gens écoute notre travail, il faut une espèce de buzz. Tout passe par là malheureusement. Le plus dur c’est de rester. D’ailleurs Angèle l’a très bien géré.

Quels sont tes projets futurs ?

Mes projets futurs c’est complètement avec Lucie et Juliette, c’est le centre de nos vies ! Après c’est pas vraiment un projet car ce n’est pas trop réalisable, mais mon plus grand rêve c’est de faire Bercy. Je ferai tout pour faire Bercy ! (rires) Au grand dam de Lucie que je bassine avec ça. C’est vraiment du kiff personnel. Dans les projets il y a aussi une tournée en 2021, on a aussi le morceau avec Boulevard des Airs qui est sorti. Aussi un ou deux clips qui vont sortir en fin d’année, le summer 2020 et 2-3 concerts cet été.

Merci beaucoup Elisa pour ces réponses !

Merci à toi !

Retrouvez toute leur actu sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube !         Crédit photo : Francis Courbin

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