Bertrand Belin au Casino de Paris – « On n’a pas parlé du carrelage et du mastic »

Après une première partie poussive et gémissante du groupe ARLT, Belin apparaît tel l’oiseau sur « Bec » en déployant ses bras, sous une mèche toujours aussi impeccablement gominée et lumières tamisées.

Flanqué de basse et guitare à casquettes, l’homme semble moins crooner qu’à l’habitude et le public met du temps à rentrer dans le show, ne remarquant même pas que le fil du micro s’est détaché un instant, tant le chanteur reste imperturbable.

Pantin Belin s’actionne enfin « Sur le cul », 5ème morceau de la série, travaillant sa gestuelle et ses mimes sur « L’Opéra », et son jeu de jambes sur « Grand Duc ». La rigidité est de mise même sur scène, incarnation parfaite de son dernier album Persona, rude pamphlet aux textes en apparence abscons et aux mélodies passées à l’extracteur de jus.

Sur le frissonnant « Peggy », dès les premières notes, quelques cris de femme enflamment la salle, conquise par cette énième version de ce morceau extrait de l’album éponyme, beaucoup plus fantasmagorique ; et ce malgré une lumière stroboscopique très agaçante. « Ce moment, c’est nous qui le faisons tous ensemble » réchauffe un peu l’atmosphère, comme la présence de Barbara Carlotti qui le rejoint sur « Lentement », en poupée légère et volantée, esquissant quelques pas de danse avec son compère de scène.

Enfin Belin retrouve son humour : « Vous avez vu cette chanson, elle a comme un sujet. Ce n’est pas le cas de toutes mes chansons. Dans les chansons chinoises, c’est comme dans les chansons françaises, il y a des gros sujets ». S’ensuit une très drôle liste de sujets non traités, dont le mastic et le carrelage, qui auraient pourtant pu être de passionnants sujets !

C’est vrai qu’il ne s’était pas foulé pour les paroles de « Folle Folle Folle », mais comme il dit, il arrive à tenir 7 minutes dessus et avec Barbara Carlotti et Tatiana Mladenovitch, c’est un régal ! On regrette d’ailleurs que Tatiana n’ait pas interprété davantage de titres sur cette scène.

C’est ensuite au tour de Rodolphe Burger de rejoindre la scène, pour une très belle interprétation en duo de « La Chambre », titre de feu le groupe Kat Onoma, dont il était leader. Bertrand Belin enchaîne ensuite seul quelques morceaux en caressant sensuellement sa guitare dans la douceur de cette (hyper)nuit, nous hypnotisant « Sous les lilas ».

S’ensuit une impro de circonstances sur la grève où il fait répéter au public « Du boulot pour les sous, des sous pour le manger, le manger pour le corps, le corps pour le boulot », avant d’interpréter « Camarade » à grands renforts de mimes burlesques. On se délecte « De corps et d’esprit » au clavier électrisant de Jean-Baptiste Julien.

Au rappel, on se souviendra de Belin avec Burger sur une reprise de Bashung « C’est comment qu’on freine », puis avec Tatiana, où leurs deux voix mêlées sur « En rang » prennent autant aux tripes que les paroles.

« Suzy » clôture ce moment suspendu dont on ressort en flottaison, malgré la profondeur des sujets abordés. Retrouvez toute son actu sur bertrandbelin.com

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