Allyson Glado, entre théâtre et chanson : une improbable interview

Mamusicale a eu le plaisir de rencontrer une jeune et nouvelle artiste, Allyson Glado, dont le premier album à la musicalité pop-reggae sortira courant 2018. Nous vous proposons de découvrir son univers en avant première.

En quelques mots, comment décrirais-tu ton caractère ?

Dans le travail, on me dit souvent que j’ai un très fort caractère. J’apprends avec le temps à être un peu plus patiente. Mais je suis déterminée et plutôt meneuse.

Et ton parcours jusqu’à aujourd’hui ?

Avant d’entrer dans l’univers de la chanson, j’ai connu dix ans de carrière dans le théâtre, réalisé six mises en scène et tourné au théâtre de la Reine Blanche ainsi qu’à la Comédie Nation. J’ai ensuite contacté Wadji Mouawad pour monter un spectacle au théâtre de la Tempête et je suis montée sur scène pour chanter suite à un pari. J’ai trouvé cette expérience rigolote et j’ai donc lâché 10 ans de carrière au théâtre pour me lancer dans la musique.

Qu’est-ce que le théâtre t’a apporté pour devenir chanteuse ?  

Le théâtre m’apporte principalement de l’aisance scénique. J’arrive à amuser le public. Cela m’apporte un côté humain et un petit truc en plus. Je fais aussi des paris avec le public, je porte parfois des tenues improbables sur scène qui l’amusent. On retrouve dans la musique comme dans le théâtre cet aspect du partage.

Dirais-tu que tu as une plus forte communion ou complicité avec le public maintenant que tu es chanteuse ?

C’est surtout plus simple. Avec les musiciens, nous nous amusons souvent à prendre une chanson, à accélérer le tempo au fur et à mesure puis à choisir deux personnes du public, qui doivent chanter les paroles du refrain. C’est assez drôle car toute la salle participe et se met à chanter la chanson. Le public repart souvent avec des places de concert et des cadeaux. On passe tous un bon moment.

Comment décrirais-tu ton univers musical ? Quelle musique aimes-tu écouter ?

Mon univers est francophone pop-reggae. Mes artistes d’influence sont Tiwony, Naâman, et dans la soul plutôt Etta James, Joss Stone et James Brown. Toutes mes influences mélangées donnent un petit côté curieux à ma musique, parce qu’on n’arrive pas à me classer ni dans le folk, le reggae ou encore dans le dancehall, et je trouve ça très bien comme ça.

Ma dernière collaboration en date a été mon duo avec Tiwony, qui joue du reggae depuis 20 ans. Mon morceau avec lui est plutôt improbable, mon but étant de casser les codes présents dans le rap, la pop ou encore le reggae. Je pense que lorsque l’on se rend à un concert, on a besoin de voir un spectacle assez large et arrêter de se fixer sur un seul style de musique par artiste.  Aujourd’hui, on commence à avoir un public de plus en plus éclectique et c’est vraiment agréable.

A ton avis, pourquoi as-tu un public de plus en plus varié ?

Parce que je suis très entière, certes ça ne plait pas à tout le monde, mais j’ai un vrai respect concernant tous les événements importants de la vie. Si par exemple, un fan vient au concert le jour de son anniversaire, tu lui offres un cadeau. De même si quelqu’un vient tout le temps aux concerts, tu peux l’accueillir dans les coulisses. C’est comme ça que je vois les choses. Et effectivement depuis que j’ai promis l’Olympia aux fans, je les vois à chaque concert. Je leur ai demandé un an et demi de délai, ça va être un peu chaud.

Il te reste combien de temps pour respecter ta promesse ?

La moitié du temps, ce qui me paraît déjà un peu compliqué. Mais je vise cet objectif pour mes 30 ans. Je me dis que ça sera possible et vu que le public a l’air de suivre, il n’y a pas de raison.

Te rapproches-tu d’autres artistes qui jouent le même style de musique que toi ?

Si on part sur le dancehall, ce n’est pas mon type de musique du tout. Mais j’apprécie les défis, et je me suis dit pourquoi ne pas essayer de maitriser n’importe quel style de musique pour créer mon propre genre musical, un peu curieux avec des nuances supplémentaires. J’ai alors pensé que je pourrais amener dans mon style l’énergie et le débit vocal qu’on retrouve dans le dancehall.

Le reggae pur, si on reste dans les clichés, c’est le cannabis et les dreads dans les cheveux, des gens qui viennent des îles. Moi ce n’est pas ma vision du reggae. Au début, je voyais ça « Peace and Love » et aujourd’hui je le perçois plus comme un style de musique tranquille, accessible à tous et capable de fédérer plus facilement que le rap.

Et en mélangeant avec la pop, on retrouve ce côté moderne, parce que sinon on s’ennuie un peu je trouve. 

Concernant tes clips, comment les as-tu préparés et réalisés ?

Pour le premier clip, on m’avait proposé de nombreux réalisateurs. J’ai trouvé un artiste qui réalisait des clips de rap hardcore et je me suis dit « c’est marrant, dans ses clips il y a beaucoup de fumées et de bouteilles vides par terre. Et si lui pouvait réussir à faire quelque chose de différent ? ». Maintenant, il réalise tous mes clips et nos échanges sont différents, parce que c’est toujours curieux de travailler avec quelqu’un qui vient du milieu du rap alors que je n’en fais pas du tout partie.

Sur le premier clip, on est parti sur le concept d’une paire de baskets et d’un survêt parce qu’on voulait retirer le cliché féminin où l’on a tendance à être assez mal mise en valeur dans les clips (on nous voit toujours avec des ongles immenses, du vernis, beaucoup de maquillage et en soutien-gorge…). Donc nous avons décidé de partir à l’opposé, sur une tenue basket & survêt, et de vendre du texte.

Le deuxième clip c’est pareil. Il illustre un sujet assez difficile et nous avons décidé de créer une comédie musicale, un truc improbable parce que les paroles « mes yeux pleurent, mon cœur saigne » parlent d’un enfant seul qui n’a pas de papa. Et du coup dans le clip, on a essayé de rendre ce thème plus léger.

Le troisième clip s’appelle « Ma Promesse » et vient de sortir. J’ai volontairement tourné avec mon trompettiste qui a le double de mon âge. Nous avons voulu imager l’amour universel et large en retirant les tabous. Donc le clip est un peu plus dénudé.

Comment écris-tu tes chansons ? Composes-tu d’abord la mélodie ou les textes ?

J’écris d’abord en vers, en alexandrin. Après je mets un métronome et je vois les mélodies que je pourrais poser, je commence ensuite à composer par dessus, j’enlève des mots, j’en rajoute ou j’adapte.

Tu sors un album courant 2018, quelle va être la tonalité de l’album ?

L’album va s’appeler « E », E pour érotisme. Il va donc principalement être composé de chansons portant sur l’érotisme. Je suis curieuse de savoir comment l’album va être reçu. Il va sortir entre septembre et décembre de l’année 2018, sur mon propre label, qui va être présenté au Réservoir en février. 

Quelles ont été tes sources d’inspiration pour cet album ?

Sur l’érotisme, je parle de soumission, d’artistes qui se prostituent dans le milieu artistique, pas que des sujets drôles. Ces thèmes là me sont venus en une à deux nuits de travail, je me suis mise à écrire et ces thèmes m’ont fait rire. En fait je me suis retrouvée avec une tonne de chansons et je les ai faites en live.

Et ces chansons, comment ont-elles été reçues ?

Pour le public, c’est improbable. Au début c’était un peu compliqué, on a donc réalisé une petite mise en scène pour passer outre ces sujets un peu hard. Du coup, le public amène ses enfants au spectacle maintenant… 

Et ces thèmes là sont des expériences que tu as vécues ?

Je me suis dit que pour pouvoir m’ouvrir à n’importe quel milieu en général, il fallait que je puisse tout voir. J’ai donc commencé à fréquenter différents milieux. Dans certains, j’ai pu voir des gens avec des tenues improbables me parler avec une aisance incroyable.

Je suis aussi partie explorer le milieu du rap, je les imaginais avec leurs dents argentées et leurs casquettes, et en fait ça a été une très bonne expérience. Après je suis allée chez les rastas, où c’est la Jamaïque tous les jours. Je suis aussi partie chez les bikers.

Enfin je suis retournée voir les gens qui n’appartiennent à aucun milieu particulier. Et en fait ce mélange, c’est formidable, c’est comme ça dans la vie que tu peux… atteindre l’Olympia (rires)

Avec quels artistes collabores-tu ? Y-a-t-il d’autres artistes avec qui tu souhaiterais collaborer ?

J’ai eu la grande chance de collaborer avec Tiwony, ce qui a été pour moi incroyable parce que j’étais persuadée qu’il ne viendrait pas en studio. Quand je l’ai vu, je suis devenue toute blanche.

Je ne pensais pas non plus que Naâman allait me répondre, il m’a dit « Travaille encore un peu » et je ne l’ai pas mal pris, c’est normal. J’ai aussi demandé à Taïro de venir sur scène, mais il est très pris et m’a répondu qu’il viendrait avec grand plaisir quand il aurait plus de temps. Donc cela signifie que tu peux obtenir ce que tu veux, du moment que tu es droit.

Pour l’instant, j’aimerais vraiment travailler avec Naâman et Tiken Jah Fakoly, ça serait vraiment l’apothéose.

Quels sont tes projets ?

En janvier, février, mai et juin 2018, je vais commencer toute une série de concerts. Le but du jeu, c’est de réaliser une tournée avec mes musiciens et de me faire connaître en région parisienne. Il y a beaucoup de monde, mais c’est possible.

Pourrais-tu me décrire un peu ton quotidien ? C’est quoi la journée type d’Allyson ?

Tous les matins, je suis punie, je fais des exercices de solfège puis de danse. L’après-midi je vais au sport et le soir j’écris. Après je m’occupe de ma communication puis je joue aux jeux vidéos, et quand j’ai le temps je sors.

Merci Allyson d’avoir répondu à nos questions et nous te souhaitons beaucoup de réussite !

Retrouvez toute son actualité sur Facebook et son prochain concert aura lieu le 14 février au Réservoir à Paris.