En quelques années Cyril Mokaiesh a su faire sa place dans le paysage de la chanson française. Ses textes ont immédiatement marqué nos esprits. Aujourd’hui Cyril Mokaiesh s’apprête à sortir « Cloture », son 5 ème album le 20 janvier 2017. Nous le retrouvons dans un tout nouveau lieu parisien, dédié à la musique et à la scène française indépendante, La Passerelle 2.
Bonjour Cyril,
Bonjour
Avant d’échanger sur ton actualité, j’ai voulu remonter en arrière, il y a bien longtemps. Je t’ai trouvé au moins un point commun avec Yannick Noah, tu es passé du tennis à la chanson. Tu as été champion de France junior de tennis à 18 ans ; comment passe-t-on du sport à la musique ?
Il n’y a pas de méthode ! Les joueurs de tennis sont souvent mélomanes. Ils écoutent beaucoup de musique, on les voit avec des écouteurs. C’est un sport individuel, on passe beaucoup de temps avec soi-même, pour se distraire mais aussi pour se concentrer avant de monter…. J’allais dire sur scène (rire…) mais avant de rentrer sur le court. Plus que le cinéma, je crois que la musique c’est l’art commun à tous les joueurs. Il y en a qui pousse le truc jusqu’à jouer de la guitare. J’ai appris comme ça au début en répétant avec d’autres joueurs de tennis et en jouant des chansons que l’on aimait bien tous. On emmenait une guitare en tournois ou l’on se réunissait chez un copain et ça faisait des soirées guitare et chansons.
A ce moment-là, je commençais à jouer un p’tit peu et je suis tombé dedans par l’écriture. C’est surtout au début du monde de l’adulte vers 18 ans, j’ai ressenti un p’tit déséquilibre chez moi. Je ne savais pas trop qui j’étais et je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Je ne savais pas trop où je me sentais le mieux. Peut-être une petite crise identitaire, je ne sais pas. Je me suis mis à écrire des choses d’abord personnelle et c’était tout de suite en chanson. J’avais un format dans la tête, un peu comme des poésies, et un air dans la tête. J’appelais un copain pour qu’il m’accompagne à la guitare et petit à petit je suis devenu autonome et je me suis mis à jouer davantage.
Te rappelles-tu de tes premières compositions ?
Oui, J’en ai d’ailleurs fait une chanson « Le cèdre au Liban » qui est mon 2 ème texte. Il est apparu huit ans plus tard sur mon disque « L’amour qui s’invite ». Un texte sur mes origines. La musique remplissait beaucoup de chose chez moi à ce moment-là. Je me suis dit, s’il y a un choix à faire, je le fais.
Quelles qualités avais-tu au tennis, qui aujourd’hui te servent dans la musique ?
L’abnégation, ce côté un peu guerrier que je fais dans la chanson. J’écris et je chante des textes….Je suis un peu contre vent et marée.
En 2011, tu sortais ton premier album solo et déjà une écriture qui avait du sens. Dire des choses profondes, faire valser et tournoyer les mots. C’est ce que tu aimes…..
Je ne me pose pas cette question comme ça ! J’aime l’agencement des mots qui font que tu peux dire quelque chose de dur ou de doux. Tout est possible à partir du moment où les mots sont organisés d’une manière poétique et qui met en valeur le sens premier.
Tu interpelles les gens à travers tes textes. Dans l’album Naufragés avec Giovanni Mirabassi en 2015 tu chantes « Ecoutez, vous ne m’écoutez pas ». C’est ça le style Cyril Mokaiesh ?
C’est inconscient, je ne me dis pas que je veux interpeller les gens. Mais ça fait partie de mon « style ». J’aime bien dire des vérités, j’aime bien l’idée d’être un chanteur un peu « coup de poing ».
Penses-tu qu’il faille dénoncer pour que l’homme prenne conscience du mal qu’il fait parfois ?
Oui, bien sûr mais le sens premier que je recherche c’est d’émouvoir les gens. Ce n’est pas de leur faire des leçons de morale et de vouloir dire : Sensibilisez-vous !
Ce sont des questions que je pose, plus que des vérités que j’assène. Ce sont des doutes que j’ai, sur la manière dont fonctionnent nos sociétés. On se laisse aller dans la routine et dans les valeurs qui ne sont pas très humaines. On ne réfléchit plus à nos actes et on se laisse un peu porter et guider par des enjeux qui ne sont pas les nôtres.
Aujourd’hui tu sors un nouvel album « Clôture », c’est aussi le titre d’une chanson. Peux-tu nous parler de ce nouvel album qui sort le 20 janvier et quels sont les sujets traités ?
Effectivement, il y a des choses à dire en ce moment ! Entre les élections, l’austérité, l’Europe, les attentats, la montée du FN et puis aussi des histoires plus personnelles, des histoires d’amour, je raconte un peu ma paternité. Cet album est certainement plus direct. Il ne prend pas 4 chemins, il dit ce que j’éprouve, le malaise, la tendresse. Je m’assume à 31 ans, avec mes idées, mes révoltes, mes colères mais aussi mes sentiments et ma tendresse !
As-tu signé l’ensemble des textes et des musiques de ce nouvel album ?
Oui à part 2 titres où j’ai co-composé avec Reyn Ouwehand, un hollandais avec qui j’avais travaillé sur mon album précédent.
Tu as fait des duo aussi….
Oui, un avec Giovanni Mirabassi sur « Une vie », Elodie Frégé a posé sa voix sur « Houleux »
« La loi du marché », tu en as fait un clip avec Bernard Lavilliers, ça a été difficile de le convaincre pour faire ce duo ?
Non, ça c’est quasiment imposé quand j’écrivais La loi du marché. Je l’écoute beaucoup en ce moment, c’est quelqu’un qui me marque et qui instaure un sentiment de filiation entre lui et moi. Nous nous étions déjà rencontrés quelques années auparavant lors de mon prix Constantin. C’est une personne qui me fascine assez. Je lui ai envoyé la chanson en lui disant : est-ce que ça te brancherait ? Et ça c’est fait naturellement.
Avec Elodie Frégé, on se connait depuis un moment aussi, j’aime beaucoup cette fille. Elle m’inspire aussi beaucoup. On a fait des chansons ensemble pour son prochain album. Au moment d’écrire la chanson, j’ai eu envie d’une présence féminine sur le titre “houleux”, ça tombait de source, c’est vraiment ma famille.
Une autre aussi avec Giovanni Mirabassi qui m’accompagne au piano.
Est-ce que cet album est un signal d’alarme, un moyen d’interpeller nos politiques ?
Non, ce n’est pas du tout un disque qui s’adresse aux politiques. Ça parle un peu de politique, ça l’évoque, ça conteste, ça invite les gens à s’intéresser voir même à s’engager. Si ça ne tenais qu’à moi, je donnerais un grand coup pied dans la classe politique. Je suis totalement désabusé, totalement déçu. Je n’ai pas de croyance dans la fonction politique telle qu’elle est aujourd’hui organisée et voir les politiques tirer les couvertures pour eux.
Tu as 31 ans, qu’est ce qu’il y a dans la tête de Cyril Mokaiesh aujourd’hui?
Beaucoup de choses et peu en même temps. J’ai envie de continuer mon chemin et de le faire de la manière la plus libre possible en étant conscient que c’est une chance de faire ce métier, en étant conscient que c’est difficile mais je crois pouvoir dire aujourd’hui que je suis fait pour ça.
Quelle est l’actualité de Cyril Mokaiesh en 2017 ?
Il y a la sortie de mon disque, des concerts j’espère le plus nombreux possible pour aller rencontrer les gens parce que c’est un album qui parle d’actualités. Il est voué à vivre. Il y aura des nouvelles chansons et certainement de nouvelles collaborations. Et aussi un concert le 28 février à la Maroquinerie !
Quel message souhaites-tu faire passer aux lecteurs Mamusicale ?
Prenez soin de vous !
Merci Cyril
Retrouvez toute son actualité sur cyrilmokaiesh.com