TIWAYO – RENCONTRE AVEC « THE YOUNG OLD »

Sur cette terre, il existe ce que l’on appelle des “old soul” c’est-à-dire des personnes à qui il est difficile d’assigner un âge, une époque, un style… ce sont des personnes inspirées, inspirantes, et passionnées.

Tiwayo m’évoque cela. Ce n’est pas pour rien s’il s’est vu attribué le surnom de “The Young Old”. En effet, sa signature est sa voix cassée, tel un vieux blues man des années 50, avec une touche soul… cet artiste parisien nous emmène vers un voyage tout aussi introspectif qu’ouvert sur le monde. Après 3 EP, Tiwayo arrive aujourd’hui avec un premier album sorti le 18 janvier 2019 “The Gypsy Soul of Tiwayo”, titre plus qu’évocateur. En effet, on retrouve cette touche bohème et mystérieuse tout au long de cet album si riche, détaillé et soigné. Après avoir réalisé son rêve en enregistrant aux Etats-Unis, il revient en France prêt à faire découvrir son bijou intemporel.

Rencontre. 

Hello Tiwayo ! Après 3 EP, tu sors ton premier album “The Gypsy Soul of Tiwayo” . Voulais-tu prendre ton temps avant de réaliser un album ?

Tout à fait. Avec le recul, ces EP étaient dans le chemin de l’album mais c’était également une question de moyen, un moyen d’exister grâce au format EP.  “The Gipsy soul of Tiwayo” c’est l’aboutissement d’un travail sur plusieurs années.

Es-tu fier de ce premier album ?

J’en suis très fier oui. J’ai souhaité prendre mon temps effectivement pour l’enregistrer comme je l’avais rêvé. Je voulais tendre à l’idéal de cet album qui était pour moi d’aller chercher l’essence de ce son soul, blues, très américain. J’ai donc eu la possibilité d’aller enregistrer dans le sud des Etats-Unis, c’est un rêve qui s’est réalisé. J’ai obtenu la réalisation que je cherchais dans cet album et ça prend forcément du temps. Mais je suis très heureux du résultat !

Tu es un mélange de blues, rock, reggae… cette diversité musicale est-elle le thème de ton album ? Est-ce important pour toi ?

Bien-sûr que je suis pour la diversité car on peut prendre tellement d’inspirations, d’énergies, de différentes couleurs provenant de différentes musiques. J’ai commencé la musique en jouant du reggae en tant que guitariste, j’ai toujours adoré ça. Et c’est justement le reggae qui m’a amené vers le blues, la soul… et bien-sûr vers le rock. Je prends sans limite la force et l’inspiration à travers divers styles. Je pense en plus que c’est moderne de pouvoir aujourd’hui aller prendre dans toutes les couleurs, dépasser les codes et les choses très systématisées.

Peux-tu me parler de ton titre “Wild” ? Qu’as-tu voulu exprimer à travers ce morceau et ce clip ?

“Wild” est une chanson qui parle du côté agressif qu’il peut y avoir dans notre monde, nous pouvons le sentir de différentes manières. L’agressivité et la solitude des grandes villes est un thème qui est au cœur de l’album. C’est un morceau qui a une certaine dureté mais c’était intéressant car le réalisateur du clip, Filip Zaluska,  évoquait aussi le côté sauvage de la jeunesse, l’envie de dépasser cette agressivité, réussir à exister malgré la violence que l’on peut rencontrer de différentes manières.

Et “Child of the ghetto” ?

Cette chanson a pour moi plusieurs sens. Cela dit j’aime laisser l’interprétation libre dans mes textes, c’est vraiment une volonté dans l’écriture. Mais personnellement, ce morceau est un hommage à une de mes influences qui est Bob Marley. En l’occurrence il pourrait être ce child of the ghetto. Je raconte un peu son histoire mais c’est également un hommage à la résilience. Car c’est un trait que l’on retrouve chez certaines personnes qui ont vécu des moments très difficiles. Cela évoque la capacité à transcender cette souffrance pour créer quelque chose de beau et je trouve ça admirable. 

Tu voyages beaucoup avec ta musique, quel voyage t’as le plus marqué ?

Il y en a eu plusieurs, mais ce sont quand même les Etats-Unis qui sont au cœur de l’album. J’ai fait mon premier voyage là-bas à vingt-et-un ans, qui était un road trip sur la route du blues en partant du nord (New-York, Chicago…) pour descendre dans le sud (Memphis, Nashville…). Ce premier voyage a été initiatique dans le sens où ça a été le point de départ de mon projet. A l’époque j’étais guitariste dans des groupes et c’est à travers ce voyage que je me suis découvert, et c’est de lui que provient mon surnom Tiwayo “The Young Old”.

Penses-tu que cela est essentiel pour un musicien de voyager, de découvrir d’autres horizons ?

Ce qui est essentiel c’est de pouvoir sortir de chez soi, et parfois pour voyager il n’y a pas besoin d’aller très loin. On peut aller dans la ville à côté de chez soi, et c’est cela pour moi qui est une énergie et une force, le fait de pouvoir aller vers quelque chose de différent, s’extirper de son milieu d’origine, voir d’autres manières de vivre. Personnellement, cette inspiration elle me vient des Etats-Unis, où je vais régulièrement depuis dix ans. Donc oui, sortir de son milieu c’est important et essentiel. 

Quelle est la chanson de ton album qui te représente le plus ?

Ce n’est pas facile car chaque chanson est une histoire. Mais je dirais “A place to call my own” qui est le morceau d’ouverture de l’album. Je ressens quelque chose de spécial par rapport à lui car il illustre vraiment le voyage de cet album. Il évoque cette recherche artistique et cette recherche d’un idéal, d’un rêve sans jamais vraiment trouver de terre à laquelle on se sent vraiment appartenir.

On parle énormément de ta voix rauque et cassée qui est ta signature. Mais il y a un gros travail sur tes compositions musicales avec tes musiciens et tes chœurs. Cette particularité est-elle essentielle pour ton groupe ?

Absolument. Je passe énormément de temps dans l’arrangement musical, c’est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur. J’écris les chansons et je fais aussi les arrangements. Nous avons abouti cet album avec Mark Neill (producteur des Black Keys) en mélangeant nos idées d’arrangements, nous avons vraiment pris le temps. Car pour moi une chanson est complète que lorsqu’elle est arrangée, et que tous les musiciens de l’orchestre ont leur place. J’aime la formule que l’on a aujourd’hui, avec les énergies basse, batterie, et ces choristes géniales avec qui je travaille depuis deux ans, qui permettent d’asseoir ce côté soul et d’aller chercher l’essence des morceaux.

Revenons justement sur ton live à la Maroquinerie le 5 mars dernier. Es-tu content de cette soirée ?

Je suis super heureux ! Nous avons été porté par une énergie nouvelle. Mine de rien, c’est le genre de date qu’on appréhende, car c’est le “rendez-vous parisien”. Je suis très content car déjà, c’était complet, et le public a été réceptif, il y a eu un vrai échange, c’était un super moment et la concrétisation d’un projet. 

Un guilty pleasure en musique ?

Oh oui ! En plus j’aime beaucoup danser un peu de manière sauvage et kitsch parfois ! (rires) Je vais dire ce bon vieux Jean-Jacques Goldman qu’on aime ! 

Quelles sont les prochaines étapes ?

Prochaine tournée en Europe, notamment en Allemagne en passant par la Suisse et la Belgique. Des dates sont également prévues en France, entre autres à Paris en février 2020. Cet été je ferai également la première partie de Matthieu Chedid lors du festival aux arènes de Nîmes.

Des dates à ne pas manquer, plaisir garanti ! En attendant ses prochains concerts, (re)découvrez son premier album “The Gipsy Soul of Tiwayo” et son clip “Wild”