Dans les coulisses du Kraken Festival, entretien avec Camille Hugé.

Les festivals… Partout en France ou à l’étranger, ils sont devenus un véritable phénomène de mode, réunissant toujours plus de monde ! Pourtant, créer un tel événement n’est pas simple. Ce 2 septembre, Mamusicale avait donné rendez-vous à Camille Hugé, organisatrice et créatrice du Kraken Festival. Grâce à son association de la Commune libre de la Chaume, la première édition du Kraken Festival a vu le jour ce 16 & 17 août dernier. Nous revenons ensemble sur l’organisation d’un tel événement ainsi que sur les premiers bilans de cette nouvelle expérience.

Qu’est ce qui a donné naissance au Kraken Festival ?

Le festival est né à la suite de la Grande Bordée, événement qui se tenait aux Sables d’Olonne et dont on voulait surtout développer la partie musicale. On s’est alors totalement consacré au Kraken. De plus, il n’y avait pas de festival aux Sables alors on s’est dit que c’était une bonne idée d’en créer un pendant la période estivale.

Depuis quand travaillez-vous sur ce projet ?

On y travaille depuis l’année dernière, au mois de décembre et depuis un an on travaille sur ça.

Quel a été ton rôle depuis l’imagination jusqu’à la création du festival ?

Moi, je travaillais surtout sur la programmation. Ensuite, Joël s’occupait de toute la partie financière, la compta etc. et ma mère s’occupait de tous les contacts, les partenaires, la mairie etc. On a travaillé à 3 toute l’année. Ensuite, avec nous, il y avait des bénévoles pour le jour J, des responsables pour le bar, la billetterie etc. Après, comme dans toute association, il y a des membres du CA auxquels on doit faire part de l’évolution du projet mais on était vraiment 3 sur le terrain, à tout préparer et à parer à toute éventualité.

Qu’est ce qui a pu distinguer le Kraken des autres festivals ?

Le Kraken, c’est un festival plus familial, plus intimiste. En plus le site est quand même propice à ce genre d’événement. On est au bord de l’eau, c’est assez sympa. On a voulu développer cette connotation maritime avec un bar à huîtres. L’implantation, la qualité et la programmation a beaucoup plu. Et toute la scénographie était très travaillée, la qualité du son était assez exceptionnelle, grâce à notre partenaire qui a mis en place une prestation de qualité. On a tenu à mettre le paquet : confettis, flammes. C’est important de personnaliser et ça valait le coup. Il fallait démarrer fort. C’était une première édition, il faut marquer son territoire, ce n’est pas toujours simple mais on a eu de très bons retours.

Quels sont les retours que vous avez eu ?

Tous les retours sont positifs, que ce soit au niveau des bénévoles, du public, des artistes. Les groupes étaient très contents de la technique justement, ils disaient que c’était un des rares festival où ils avaient une aussi bonne technique. Toute l’équipe de bénévoles a également trouvé l’ambiance chaleureuse et les artistes nous ont remerciés pour l’accueil.

Quel a été le rôle de l’association pour le festival ?

Il y a un rôle d’encadrement, de conseil et ils ont toujours été présent pour nous épauler. Évidemment, au niveau budgétaire, il faut aussi une trésorerie, il faut des gens assez responsables pour asseoir un tel événement, car on sait que tout ce qui est musical reste quand même fébrile. Il faut un accompagnement sérieux pour pouvoir mettre une telle structure en place.

Comment on finance un tel festival ?

Dans notre association il y avait déjà une vie associative importante avec la Grande Bordée puisque c’était une manifestation qui réunissait 80 000 personnes. On avait déjà de bonnes bases et ça nous a permis de pouvoir mettre cette structure en place. Ensuite, il y a des partenaires privés et des partenaires publics : la ville, le département et la région ont été partenaires cette année.

Comment avez-vous mis en place la communication ?

Avec les concerts, on a beaucoup travaillé sur les réseaux sociaux. Ensuite, l’office de tourisme a mis en place une communication sur leur site. Et on avait également tout l’affichage, la presse locale, les radios etc. Un peu tout le monde s’en occupait. Avec la fête de la mer, on était plus dans du bouche à oreille alors que là, on a vraiment constaté la force des réseaux sociaux. On a visé un autre public.

Comment as-tu procédé pour mettre en place la programmation ?

On avait fait une liste d’artistes, après on a contacté leurs boîtes de production. Il y en a certains qui étaient en vacances donc on en a rayé pas mal. D’autres ne veulent pas car c’est une première édition. Et heureusement, il y a ceux qui nous ont fait confiance, qui ont accepté le défi et qui sont partis avec nous. Au début, la programmation c’est ce qu’il y a de plus long car on ne savait pas vraiment dans quel style se lancer mais une fois qu’on a eu quelques noms c’était bon. Tout ça s’est mis en place vers décembre.

Tu avais déjà eu ce genre d’expérience avant ?

Pas du tout, c’était la première fois. On découvre à chaque fois des petits trucs. Au début, le premier coup de fil, je ne savais pas trop quoi dire. En plus avec les termes techniques, c’était compliqué. Heureusement que notre prestataire scénique reprenait la suite des fiches techniques.

Envisagez-vous une deuxième édition ?

On reçoit plein de messages comme quoi les gens veulent une deuxième édition. Donc forcément, c’est tentant de repartir. Il faut voir si on est suivi ou pas, on attend l’accord de la ville. Il y a un engouement des jeunes mais il nous faut le soutien des pouvoirs publics, au moins pendant les trois premières années. Ensuite, il faut encore toutes les équipes et les bénévoles pour pouvoir l’organiser.

Au niveau du nombres d’entrées, êtes-vous satisfaits ? Avez-vous eu le monde que vous attendiez ?

La météo a beaucoup freiné les gens car une tempête était annoncée ce week-end là. Les préventes n’ont pas bien fonctionnées, les gens ont acheté leur billet à 20h le jour même. C’était vraiment de la dernière minute, mais au final ça l’a fait quand même. Et puis, on avait mis un prix assez attractif. C’était un public différent pour les deux soirs mais au final beaucoup se sont laissé tenter et sont venus les deux jours.

Quelles ont été vos fiertés, vos déceptions, vos angoisses… ?

Que de l’angoisse… (rires). Non mais la météo, ça a été une angoisse. On manquait aussi beaucoup d’expérience en matière de festival de musique. Tous les bénévoles étaient novices donc ça crée toujours quelques frayeurs. Pour la première édition, on a ressenti que l’on était dans une « opération test », au final le test a été bien réussi donc ça devrait être plus facile pour la suite.

Notre plus grande fierté, c’est de l’avoir réussi ! On est simplement des organisateurs d’une association, sans d’autre prétention mais au moins on a celle-là : celle de vouloir réussir à organiser le mieux possible un événement. Quand on a vécu toutes ces angoisses et qu’on voit tous ces bons retours, on peut se dire qu’on a réussi et ça c’était un sacré challenge. Ça reste prometteur s’il doit y avoir une deuxième édition.

Qu’est ce que vous aimeriez changer, faire évoluer par rapport à la 1ère édition ?

Travailler davantage le visuel, ça pourrait être sympa. Le rendre plus identitaire. Il faudrait faire plus un festival que deux soirées concert. On voudrait mettre plus d’activités dans la journée et bien exploiter le site de jour aussi.

Selon toi, qu’est-ce qui attire le plus le public en festival ?

Je pense qu’au tout début c’est la programmation, après quand on a un nom c’est l’ambiance qui joue. Certains sont déjà complets avant même d’avoir dévoilé leur programmation. Nous, on doit d’abord attirer avec la programmation. Après, l’année prochaine déjà, on aura fidélisé une partie du public et certains reviendront sans connaître la programmation.

Quelles sont les difficultés pour faire tourner un petit festival tel que le Kraken ?

Aujourd’hui c’est très difficile de créer un festival de la taille du Kraken. Les contraintes financières sont énormes. C’est très lourd et ça tient à peu de chose. On a failli annuler la soirée du samedi à cause de la météo. Pour tous les festivals, il y a l’angoisse du temps.

Pour terminer, quels conseils pourriez-vous donner à un jeune qui souhaite créer un festival aujourd’hui ?

C’est compliqué… Si c’était simple, ça se saurait (rires) ! Il faut commencer par des concerts, des petites soirées. Il faut d’abord se faire un nom. S’il y a des jeunes qui ont du talent et qui aiment la musique, il y a toujours moyen d’y arriver. Mais la volonté ne peut pas suffire, il faut avoir un soutien financier. Il faut surtout toujours s’impliquer. Il faut se coucher festival et se lever festival.  Par exemple, là c’est à peine finit qu’il faut déjà repartir. Mais si on veut, on peut !

Un grand merci à Camille de nous avoir donné de son temps. Nous souhaitons une très bonne continuation à toute l’équipe du Kraken Festival, qu’on retrouvera, on l’espère, l’année prochaine !

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